Exercices de style
Raymond Queneau (1903 - 1976) est un écrivain et poète français. Il a
écrit un ouvrage « Exercices de style » dans lequel il écrit
99 fois la même histoire, de 99 façons différentes.
Deux textes de Raymond Queneau issus du livre :
Passé indéfini
Je suis monté dans l'autobus de la porte Champerret. Il y avait
beaucoup de monde, des jeunes, des vieux, des femmes, des militaires.
J'ai payé ma place et puis j'ai regardé autour de moi. Ce n'était pas
très intéressant. J'ai quand même fini par remarquer un jeune homme
dont j'ai trouvé le cou trop long. J'ai examiné son chapeau et je me
suis aperçu qu'au lieu d'un ruban il y avait un galon tressé. Chaque
fois qu'un nouveau voyageur montait, ça faisait de la bousculade. Je
n'ai rien dit, mais le jeune homme au long cou a tout de même
interpellé son voisin. Je n'ai pas entendu ce qu'il lui a dit, mais ils
se sont regardés d'un sale oeil. Alors, le jeune homme au long cou est
allé s'asseoir précipitamment.
En revenant de la porte Champerret, je suis passé devant la gare
Saint-Lazare. J'ai vu mon type qui discutait avec un copain. Celui-ci a
désigné du doigt un bouton juste au-dessus de l'échancrure du
pardessus. Puis l'autobus m'a emmené et je ne les ai plus vus. J'étais
assis et je n'ai pensé à rien.
Raymond Queneau
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Le côté subjectif
Je n'étais pas mécontent de ma vêture, ce jourd'hui. J'inaugurai un
nouveau chapeau, assez coquin, et un pardessus dont je pensai grand
bien. Rencontré X devant la gare Saint-Lazare qui essaye de gâcher mon
plaisir en essayant de me démontrer que ce pardessus est trop échancré
et que j'y devrais rajouter un bouton supplémentaire. Il n'a tout de
même pas osé s'attaquer à mon couvre-chef.
Un peu auparavant, rembarré de belle façon une sorte de goujat qui
faisait exprès de me brutaliser chaque fois qu'il passait du monde, à
la descente ou à la montée. Cela se passait dans un de ces immondes
autobi qui s'emplissent de populus précisément aux heures où je dois
consentir à les utiliser.
Raymond Queneau
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Les élèves de CM2 ont écrit également leurs versions :
Moyen-Âge
Un jour, lorsque j’étais dans une calèche tirée par quatre chevaux
blancs, j’ai aperçu une charrette. Il y avait, à l’intérieur, un jeune
saltimbanque au cou de girafe, ces étranges animaux que l’on voit dans
la ménagerie du Roi. Il était coiffé d’un chapeau assez bizarre entouré
d’un ruban tressé. A chaque fois que la charrette s’arrêtait, il
houspillait son voisin qui lui écrasait les pieds. Il a vite cessé la
querelle pour aller s’asseoir sur un quelconque tabouret traînant sur
le plancher de la charrette. Plus tard, je le revis devant le château
de Versailles avec un de ses compagnons qui lui conseillait de diminuer
l’échancrure de sa cape en faisant rajouter un bouton supplémentaire
par quelque couturier sachant faire son métier.
Mathilde |
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Petite fille
Je suis rentrée chez moi en claquant la porte, trop pressée de raconter
ma mésaventure à mes parents. J’avais vu dans le bus un homme au coup
de girafe qui portait un chapeau très moche et un très grand col.
Lorsque le bus s’arrêta, pour faire descendre des gens, il ordonna à
son voisin d’arrêter de lui écrabouiller les pieds à chaque fois que le
bus s’arrêtait. Sans laisser son voisin lui répondre, il s’en alla à
une place libre. Plus tard, je l’ai revu à la gare Saint-Lazare en
pleine discussion avec un ami. Ils utilisaient plein de mots
compliqués, je ne comprenais rien ! Mes parents trouveront sûrement ça
normal, mais moi, je suis sûre que ce sont des extra terrestres venus
envahir la terre et l’un d’eux a raté sa transformation au cou ! Et
quand je suis passée, les martiens parlaient leurs langue et ils
parlaient SÛREMENT de leur plan machiavélique pour envahir la Terre !
Dommage, les aliens ! Je vous ai démasqués !
Noémie
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Vieil homme distingué
Cet après-midi, dans l’autobus, j’ai vu un homme avec un long cou et un
chapeau bizarre, disputer quelqu’un en lui disant d’arrêter de lui
marcher sur les pieds et d’un coup il s’assit sur un autre siège. Quand
je suis descendu à la gare St-Lazare, j’ai vu la victime de l’écraseur
de pieds parler avec un ami à lui. Je ne suis pas resté plus longtemps
car sinon j’allais rater mon train.
Paul B.
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